mardi 27 novembre 2012

Vive la culture !

Des livres qui poussent ! ça, c'est de la culture...
Avec une collègue d'anglais, je m'occupe depuis plusieurs années d'un club jardinage.
En hiver, il faut trouver de quoi occuper les élèves !
J'ai cherché des idées cet été, et voilà nos premiers essais !

Si ça pousse, ça devrait ressembler à ça...

Un élève d'Ulis a découpé consciencieusement son Larousse (les graines sont cachées dans une cavité). Une élève du club, le regardant, m'a dit : "c'est bien pour lutter contre la phobie de l'école, ça Madame !"

Une future pédagogue...




Suite des aventures, une semaine après : ça marche !
Mais au prix d'un arrosage intensif (attention aux livres posés à côté...) et d'une odeur qui pourrait être caractérisée de désagréable... Parce que les livres, ça boit beaucoup beaucoup, et ça moisit...  

Je conseille les lentilles à ceux qui voudraient tenter l'expérience. Le blé a besoin de tremper beaucoup plus, et il n'arrive pas à pousser.
Je continue les expériences avec le blé quand-même, parce que quand ça marche, c'est vraiment joli, comme en témoigne ce petit jardin miniature :

vendredi 16 novembre 2012

Doublon-concurrence entre les romans étudiés en cours, et les romans d'un projet parallèle

Naufrage annoncé d'un projet littéraire...

Une classe de 5e participe cette année à un Prix lecture inter-générationnel.
Hier devait avoir lieu une séance pour préparer la prochaine rencontre, une petite émission de télévision. Avec mon collègue de lettres, nous devions préparer les élèves à parler de leurs lectures. Or, seuls 5 élèves avaient terminé leur livre ! Séance quasi à l'eau !

Un peu dépités lui et moi, nous avons mis les élèves fautifs en tête à tête avec leur roman inachevé, et nous avons beaucoup cogité. Nous avons fini par comprendre les raisons de cet échec, et trouvé des solutions.


Voici nos conclusions :

Mon collègue trouve les romans du Prix sans intérêt littéraire. Sur ce point, je ne peux pas lui donner complétement tort, même si j'ai un faible pour deux d'entre eux (sur 8 !), et que j'ai eu du plaisir à les finir. Il s'agit de bons petits romans pour enfants, sympas à faire lire, dont on peut discuter, mais ne justifiant pas un travail d'analyse plus poussé en cours. De toute façon, avec quatre titres différents (on en a gardé 4 sur 8), le collègue ne peut pas utiliser ces textes pour une étude collective.
Il reste donc sur une frustration de prof de lettres. Comme il ne peut pas imaginer simplement faire lire pour le plaisir des romans pendant 2 mois (durée du projet), il a donné à ses élèves un autre roman à lire en même temps, ce qui lui permet d'organiser des activités de français. Les élèves n'ont évidemment pas réussi à lire les deux romans dans le temps imparti, et les deux projets se sont fait concurrence !

Mon collègue est arrivé persuadé qu'aucun élève ne pouvait avoir aimé les livres du Prix, jugés par lui trop bébés, et sans aucun intérêt littéraire. Après une heure de lecture sur place pour les retardataires, il a fait un petit sondage rapide. Plus de la moitié des élèves ont dit aimé leur livre. C'est à première vue davantage que pour l'autre roman imposé, qu’ils trouvent difficile (La citadelle du vertige, pourtant pas d'une grande difficulté en 5e, bien qu'un peu long à démarrer).

L'idéal serait bien-sûr de choisir nous-même les romans, avec nos exigences conjointes de profs.
Or, les personnes de l'UCTL avec lesquelles nous travaillons mettent comme condition à leur participation l'inscription à un Prix intergénérationnel officiel ! Situation a priori insoluble, sauf à se séparer de nos partenaires.

Une solution nous est pourtant apparue : abandonnons effectivement la formule du Prix, mais bâtissons un autre projet de rencontre inter-âge autour des romans que le professeur a choisi de faire lire et étudier par la classe dans l'année, et qu'on va faire lire aux adultes invités !
Les personnes à la retraite découvriront ainsi les romans qu'on fait étudier en 2012 aux élèves, y retrouveront des "classiques" lus dans leur enfance (L'appel de la forêt), et d'autres plus récents.

Terminés les problèmes d'achat de séries, de gestion de prêt pour que les livres "tournent", puisque les romans sont achetés par les familles. Terminés les problèmes de doublon-concurrence entre les romans étudiés, et les romans d'un projet parallèle. Il n'y a plus les romans du prof d'un côté, et ceux de la doc de l'autre.

On peut y associer des lectures cursives sur les thème/genre des livres étudiés, chaque roman pouvant alors être adapté au niveau de chacun.

On peut conserver l'idée d'aider les élèves à critiquer leur livre. Nous avons testé hier des exercices sur les élèves qui avaient lu leur roman. Ils étaient officiellement nos testeurs, et ont d'ailleurs apprécié qu'on leur demande leur avis sur les activités les plus à même de les aider. La technique des "mots pour le dire" a remporté l'adhésion des élèves, et la nôtre. Nous n'avons pas eu le temps de tester la plus ambitieuse, qui me semble prometteuse.
Voici le document qui regroupe ces idées. On y trouve également 4 façons différentes de voter.
 
Cette organisation constitue sans doute le moyen de ménager tout le monde, sans se priver du partenariat très riche avec des personnes extérieures au collège, source de motivation pour les élèves.

Elle peut ainsi permettre de concilier toutes nos exigences :
- les exigences des profs de lettres : faire lire des textes qui ont "quelque chose à dire", rester en relation avec les programmes, ne pas prendre trop de temps sur les cours
- mes exigences de prof-doc : éviter que les élèves se détournent de la lecture, leur proposer des histoires adaptées à leur niveau et à leur maturité, quitte à ne pas être toujours dans du texte hautement littéraire
- nos exigences communes : les aider à parler de leurs lectures, évaluer leur compréhension, sans tomber dans le trop scolaire
- les exigences budgétaires : acheter avec les crédits du CDI des lots de romans dont on ne refait rien les années suivantes (parce que les livres n'ont plu ni aux élèves ni aux profs) est impossible


Je salue au passage mes collègues de lettres. Qu'ils n'y voient aucune flagornerie, mais un réel contentement de travailler avec eux. J'ai la chance qu'ils aiment discuter de lecture, de littérature et de pédagogie, et acceptent volontiers de tester des activités. J'ai avec certains des discussions fort passionnantes et productives, où l'on refait le monde, et desquelles sortent des idées de projets "idéaux". Cela implique aussi qu'ils acceptent que certains projets soient moins réussis, puisque nous inventons souvent de nouvelles formules. C’est même le sport favori au CDI, et les élèves sont habitués à servir de cobayes...

Nous avons découvert ensemble les vertus du livre-audio, et un collègue fait des merveilles avec ses élèves. Nous faisons beaucoup de lecture sur place à partir de la 4e, avec des lectures choisies par les élèves. Nous nous appuyions de plus en plus sur les romans proposés dans les manuels des élèves pour la lecture cursive, et nous avons commencé à constituer des petites séries de cinq exemplaires. Nous allons tester cette année un classeur collectif de lecteurs en sixième, en liaison avec une classe de CM2. Je teste aussi la participation collective d'une classe à un Prix, avec une seule lecture par élève, et donc partage des romans en lisse, en cherchant des techniques pour ne pas fausser les votes (cf autre billet sur ce blog).

Seule, je ne peux rien faire d'efficace.
Ce n'est pas avec des clubs lecture que je vais faire aimer la lecture à la totalité de mes collégiens ! 

En connaissant mieux les programmes, les listes d'ouvrages conseillés, et en étant plus à l'écoute des difficultés des collègues avec les élèves, j'espère arriver à leur proposer des activités et des livres plus adaptés, afin que mon action touche toutes les classes, et que mes objectifs à moi (banalisation de la lecture, découverte de tous les genres de lecture, connaissance de ses goûts, renforcement des habitudes de lecteur-emprunteur, ouverture vers la lecture publique pour favoriser la poursuite de ces habitudes après le collège) visent enfin tous les élèves.
 
Je commence ce soir à lire-relire les romans des listes officielles...
J'en ai d'ailleurs trouvé une autre sur eduscol hier, qui complète la liste officielle !
On n'est pas rendus !
Si vous avez des coups de coeur personnels dans ces listes, n’hésitez pas, nous mutualiserons !

dimanche 11 novembre 2012

Les classiques de l'enfance

 
Saviez-vous que pour comprendre Boris Vian, et entrer dans l'univers de l'Ecume des jours, il valait mieux avoir lu Claude Ponti dans son enfance ?
Et que les Petits riens d'Elisabeth Brami peuvent mener aux Plaisirs minuscules de Delerm ?

La culture littéraire commence avec la Chasse à l'ours, Alboum, et se poursuit un jour avec Hugo, Vargas, Scott Card... On lira Davodeau bien après Tom Tom et Nana, et Anne Rice après Twilight.

Quel bonheur de savoir que ses élèves ont lu Pef, Ponti, et L'oeil du loup de Pennac. Qu'ils connaissent le Petit Poucet, Peau d'Ane, et la sorcière du placard à balais. Et L'île du crâne, Lettres d'amour de 0 à 10 et Lettres à Lou. Les fables de la Fontaine, même si c'est dans des versions en albums, en BD. Qu'ils ont osé se lancer en 3e dans Tobie Lolness, Strombreaker et Phaenomen.
Qu'ils connaissent les noms de Marie-Aude Murail, Jean-Philippe Blondel, Anne Percin, Thierry Lenain, Jean-François Chabas, Mathis, Mourlevat. Que de Bernard Friot, ils ont découvert les poésies, après avoir lu en primaire ses Histoires pressées.
On a du plaisir à les voir apprécier Lou et Seuls. Et s'ils lisent des mangas, on leur conseille Naruto, Une sacrée Mamie, puis Death Note et les Taniguchi.

Comme à chaque fois que je fais une peu de recherches sur la littérature jeunesse, sur la lecture, sur la lecture à l'école, je finis agacée de tous les discours sur la bonne littérature qu'il faut faire lire aux enfants. Surtout quand on ne cite que Zola, Verne ou Balzac comme références de cette belle littérature bien comme il faut, et qu'on rajoute du bout des lèvres un roman jeunesse d'ailleurs mauvais, mais sur les listes officielles.

D'ailleurs, lire ces listes officielles (prévues pour aider les profs de lettres à choisir les lectures de leurs élèves) m'a donné envie de les relooker à ma sauce, en y enlevant les titres déjà trop anciens, qui ne fonctionnent plus, et en y rajoutant des titres qui sont pour moi des classiques incontournables, et qui marchent. C'est à dire qu'ils font lire les enfants (tous les enfants, et pas seulement les bi-langues latinistes...) ET peuvent être vus par les adultes comme des lectures qui font avancer les choses. Donc, peuvent être conseillés à des profs de lettres.
Je ferai une place particulière aux titres à moins de 6 euros : un chef d'oeuvre à 15 euros aura en effet peu de chance d'être retenu par un collègue pour un achat groupé... 
J'imagine que c'est une sorte de travail d'Hercule qui va m'occuper un moment...

J'ai commencé par mettre à profit les vacances, en lisant ce qui se disait de la lecture littéraire. C'est une notion intéressante, et j'ai essayé de faire un résumé de ce que j'ai trouvé sur ce sujet.

Il va sans dire que j'achète aussi pour le CDI, et que je lis, des tas de livres très neuneu, qui ne résistent pas du tout au lecteur (cf définition lecture littéraire), mais qui sont super sympa à lire pendant ses vacances ou le soir quand on est fatigué de sa journée, et qu'on s'arrache avec délectation... (Vive Meg Cabot, les romans Fooooot, Tony et Alberto...).
Tiens, au passage, demandons-nous aussi quelle littérature est lue par les adultes, ceux qui se désespèrent des lectures des élèves. A ces lecteurs adultes (peu nombreux, d’après les statistiques), demandons si après une journée de travail, ils lisent pour devenir humain, pour découvrir d'autres façons d'écrire, pour s'interroger sur le monde... ou tout simplement pour connaitre la fin de l'histoire, et tant mieux si la lecture a des effets collatéraux inattendus !

vendredi 9 novembre 2012

Prof-doc et CPE, un tandem incontournable

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Avec "ma" CPE, on forme une équipe à toute épreuve : organisation des études, lecture en étude, collaboration pour le FSE, mais aussi littérature jeunesse, mangas et prix Mangamado, développement durable...

Nous y trouvons toutes les deux un sens supplémentaire à notre action, et avouons-le, un certain réconfort, les jours où tout ne va pas comme on le voudrait. Un petit projet commun, et ça repart !

L'an dernier, une journée départementale, en faisant se rencontrer des profs-docs et des CPE, a permis de réfléchir sur cette collaboration. Voici le document de synthèse qui a été rédigé à cette occasion, et mis en ligne sur le site académique.

Au moment où l'on parle de l'évolution des CDI en autre chose (je trouve les textes de Jean-Pierre Véran sur ce sujet assez intéressants : article 1 et article 2), et alors que les relations CPE-doc vont immanquablement être questionnées, j'ai eu envie de reprendre ce document, et de le compléter. Voici cette synthèse, mise à jour le 17 novembre.

Avant de se dire qu'on va inventer autre chose, on a sans doute le temps de faire en sorte que les CDI actuels fonctionnent au mieux avec les services de la vie scolaire.
Cela ne peut que nous aider à faire évoluer par la suite nos centres de doc dans le bon sens pour nos élèves, et pour la pédagogie.