vendredi 29 mai 2015

Arnolfini à la mode Tom Gates !

Tableau
Le couple Arnolfini, par Van Eyck
Une classe de 5e, un mini-projet de 3h (2h en histoire pour le lancement et la conclusion et 1h en demi-groupe sur les heures CDI).

Création d'un livre collectif géant sur la vie d'Arnolfini, chaque équipe de 3 ou 4 élèves étant chargée de rédiger une partie de la vie de ce grand marchand à la façon d'un roman illustré Tom Gates (une date chacun).

Un vrai bonheur : pour les élèves (il fallait les voir !), pour moi (les élèves ont réinvesti tout ce qu'on a fait ensemble cette année) et pour la prof d'histoire, qui est ressortie ce matin en me disant qu'il faudrait travailler davantage comme ça !!

Vive LES profs du/au CDI ! 

Couverture de livre
Extrat de livre
J'ai oublié de les photographier, mais ça ressemble vraiment à ça !

mercredi 27 mai 2015

Le beurre et l'argent du beurre ?

Je suis comme beaucoup d'entre nous, en tant que prof-doc depuis 20 ans j'ai une boule au ventre devant le manque de considération institutionnelle pour tout le travail que j'ai tenté de faire depuis que j'ai obtenu le Capes. J'estime d'ailleurs que mon savoir-faire pédagogique et ma culture professionnelle ne viennent pas du Capes, mais d'un travail de réflexion et d'auto-formation au quotidien.

Mais soyons un peu honnêtes ! Est-ce que par hasard les profs-docs ne voudraient pas en ce moment le beurre et l'argent du beurre ? Je vais me faire l'avocat du diable.

La 1ère chose qui me titille est d’ordre purement mathématique.
Nos collègues font 18 +18, et nous 30 + 6.
Si on veut bénéficier du principe de 1h accordée pour 1h de cours (pour compenser le temps de préparation, de correction, de formation), il faudrait alors accepter de passer à 36h. C'est la 7e heure "de cours" qui permettrait de passer à 29h de présence. Et ceci sans compter le débat pour savoir quel type de cours mériterait cette récupération.

Pour Google/images libre de droit, un professeur, c'est ça. Et bien moi, je ne me sens pas "professeur google image".
Deuxième dilemme : si on veut un vrai statut de certifié, on prend le risque de rentrer dans la DHG, avec nos 30h (ou 36, je ne sais plus, du coup !), et donc de voir un collège décider de ne mettre qu'un demi-poste de doc : 15h c'est bien suffisant, et on peut gagner 15h pour faire des demi-groupes de langues.

Troisième état d'âme : est-ce que toutes les séances demandent de la préparation, et justifieraient une récupération d'heure ?

Quatrième question : est-ce que cela ne vous arrive pas de préparer une séance sur vos 30h ? Sur leurs 18h, nos collègues ne le peuvent pas.

Cinquième mea culpa : est-ce que cela ne vous arrive pas de discuter avec un collègue, ne serait-ce que pour préparer un cours, parler pédagogie ? Le collègue avec qui vous parlez n'est pas sur ses 18h de cours.

Sixième point, en forme d'inquiétude : à force de demander une clarification de notre statut, avec des programmes unifiés et des cours officiels à prendre en charge, on risque de voir sortir du ministère un programme officiel qui ne nous conviendra pas, avec des créneaux horaires obligatoires sur tels et tels niveaux. Beaucoup de collègues tiennent à leur liberté pédagogique, à la variété du métier, mais devront s'y plier. Et ceux qui ont réussi à créer autour d'eux une vraie dynamique d’interdisciplinarité y perdront.

Dernier paquet pour la route : est-ce que tous les documentalistes souhaitent lire des ouvrages de pédagogie, prendre des élèves seuls en classe entière (ce qui exige de maitriser la gestion de classe), évaluer dans pronotes ou LPC (avec une réflexion sur l’évaluation), participer aux conseils de classe, et ouvrir le CDI jusqu'à 19h les soirs de rencontre parent-profs ? Et être convoqués pour surveiller le brevet ou le bac ?

Si on veut être "un vrai professeur" au sens ancien du terme, il faut prendre le paquet en entier.

Je ne suis pas d'accord personnellement avec le débat 1h=2h. Je trouve qu'il nous nuit plus qu'autre chose. Nous pouvons être profs à 100%, sans pour autant endosser le costume traditionnel. Notre organisation du temps de travail est différente, novatrice d'ailleurs par rapport aux 18h traditionnels. Je suis fière de travailler différemment, et pas du tout prête à passer moins de temps sur place. (Par contre, je ne dirais rien contre un petit coup de main pour couvrir les livres, mais ça, c'est encore autre chose...)

Ce qui est choquant, c'est d'être zappée comme intervenante en EMI et lecture loisir (d’ailleurs, elle est devenue quoi ??). Après 20 ans à me battre pour qu'on reconnaisse que ces compétences sont indispensables aux élèves, et que je sers à quelque chose avec mes petites séances "Projet CDI" imposées aux élèves, je me retrouve à devoir me battre pour qu'on me reconnaisse un rôle dans ces apprentissages qui ont maintenant pignon sur rue ! C'est quand même un peu rude !
Tiens, ma jolie, un petit cadeau !

Finalement, les deux problèmes ne sont-ils pas liés ? Est-ce que ce n'est pas parce qu'on a "gagné" cette reconnaissance 1h=2h que du coup, on va en haut lieu (et à l’échelle locale) s'assurer que jamais on ne pourra exercer officiellement cette pédagogie, et donc ce droit de fermeture du CDI ? On sait bien que les finances ne sont pas propices à embaucher du monde, donc on s'est tiré une balle dans le pied.

vendredi 15 mai 2015

Des articles sur les notions culture de l'information / culture numérique / EMI...

Rajout du 15 mai 2015 :
Je viens de découvrir ce texte, qui met des mots sur mes impressions diffuses depuis quelques semaines, et justifie mon noeud à l’estomac :
https://fadben.asso.fr/Projets-de-programmes.html (texte intégral en bas du lien).
Je ne ferai personnellement pas grève mardi, parce que je pense qu'il faut donner à penser qu'on veut que les choses bougent au collège. Mais j'avoue être très peinée de la place qu'on me donne dans cette nouvelle école. C'est comme si je travaillais depuis 20 ans à essayer de changer les choses, pour aujourd’hui me voir renvoyer derrière mon bureau, avec mon téléphone et mes cartons de spécimens...


L'EMI, une bonne nouvelle pour les professeurs documentalistes ? Site Les trois couronnes, Pascal Duplessis, fév. 2015
http://lestroiscouronnes.esmeree.fr/identite-professionnelle/l-emi-une-bonne-nouvelle-pour-les-professeurs-documentalistes-un-exemple-de-conversion-sur-docpoursdocs

Quelle culture de l’information pour les élèves et les étudiants ? Alexandre Serres, juin 2010
http://www.educationetdevenir.fr/IMG/pdf/cahier_9_Article_de_A_Serres.pdf




« Madame, je ne savais pas que Google existait dans d’autres langues. » Accompagner n’est pas enseigner, ou comment les Learning centres participent à la fracture numérique. Site les trois couronnes, Emmanuelle Mucignat. Professeur documentaliste. Présidente de l’ANDEP, 15 Décembre 2011
http://lestroiscouronnes.esmeree.fr/table-ronde/madame-je-ne-savais-pas-que-google-existait-dans-d-autres-langues-accompagner-n-est-pas-enseigner-ou-comment-les-learning-centres-participent-a-la-fracture-numerique

lundi 11 mai 2015

Une culture du Web ??

15h25, salle des profs, j'ai sur les genoux un document que je viens d'imprimer pour en prendre connaissance à tête reposée : "Les fondamentaux de la culture web", par l’académie de Bordeaux.
Coup d’œil ironique du prof de lettres à ma gauche : "La culture web ça n'existe pas. Le web, c’est juste un outil pour accéder à la culture". Sous-entendu, la vraie...
J'essaie d'argumenter, très mal, ça me semble tellement évident que je ne trouve pas d'arguments convaincants. Et je me dis que je suis mal barrée pour défendre mon beefsteak en réunion pédagogique l'année prochaine...

15h35, je vais chercher une classe de 6e, à qui je montre la nouveauté de la quinzaine, la page facebook du CDI. J'en profite comme d'habitude pour dire un peu incidemment : "Bon, twitter, je préfère, mais comme personne n'y est, il faut bien que j'aille sur FB si je veux vous passer de l'info."
ça ne rate pas : "Pourquoi vous préférez twitter ?"
Et c'est parti pour un rappel des difficultés à configurer FB, génial par ailleurs, si on fait attention à sa e-reputation. On parle de vie privée, des effets des "j'aime" qui font partir des infos et images privées à tous les amis des autres. Je signale qu'on peut supprimer les commentaires. Chacun y va de sa petite anecdote, et là : "Comment ça se fait que FB gagne de l'argent alors que c'est gratuit ?"
http://www.journaldugeek.com/2014/03/26/si-cest-gratuit-vous-etes-le-produit/
Petit brainstorming, certains savent déjà la réponse, on fait le point pour tout le monde. On parle de la vente de photos et d'infos à des entreprises qui vont soit utiliser les photos, soit cibler de la pub. 

" Mais comment FB peut savoir qu'on a un tee shirt nike ?"
Je leur montre la fonction toute simple de google image : on colle l'url du logo de nike à côté de l'appareil photo, et on a plein de photos avec le logo nike. Si google image sait faire ça, les serveurs de FB peuvent scanner toutes les photos pour trouver les logos des marques sur vos photos, vous ne pensez pas ?
D'ailleurs, si vous avez piraté une photo pour la mettre sur votre site, l'auteur de la photo peut facilement savoir quels sites utilisent sa photo sans autorisation.
Et on fait un rappel sur les droits d'auteur.

Et un peu plus tard : "FB met des images de nous sur Internet, il met des images de nous sur google image."
Alors on reparle de la manière dont les infos arrivent sur les moteurs de recherche, certains se rappelaient de la 1ère explication, c’est eux qui expliquent aux autres.

Et on a terminé avec la chanson de Stromae, Carmen, que plusieurs connaissaient déjà, et avaient très bien compris.
Tiens, la semaine prochaine je les fais travailler sur Bizet. Histoire de faire enfin un peu de culture... 

jeudi 7 mai 2015

S'emparer des parcours !

Parcours citoyen, avec sa partie EMI
Parcours culturel et artistique
Parcours des métiers (PIIODMEP, plus facile à lire qu'à prononcer)

Parcours du combattant, plutôt !!! 
Il parait que c'est une vraie chance, que ma place y est centrale, et que je dois m'emparer de ces parcours, guettant l'occasion de me rendre utile et de faire valoir mes objectifs documentaires.

Couverture de livreJe ne suis pas un prédateur. Mon rôle n'est pas de planer en salle des profs à l'affût d'une occasion de participer à quelques séances par-ci par-là.

Je ne suis pas non plus un électron libre au service de mes collègues, qui attendrait le chaland en croisant les doigts pour que peut-être, on me demande d'intervenir sur deux-trois trucs de temps en temps dans telle ou telle classe. 

Je suis un vrai prof, avec un programme que je me suis fabriqué ces 20 dernières années (à défaut d'autre chose d’institutionnel). Je me suis organisée toute seule pour le faire passer de manière progressive auprès de TOUS mes élèves. Et je travaille avec des vraies méthodes pédagogiques réfléchies, basées sur l'oral, le travail d'équipe, la collaboration, les outils numériques, les tâches complexes...

Travailler au compte-gouttes en fonction de la demande, sans notion de progressivité, en disant "s'il te plait, je peux venir voir ta classe", en couvrant et rangeant des livres en attendant, non merci ! Je suis tout sauf la "dame" du CDI ! 

Je vais donc continuer à imposer des "heures cdi" aux 6e et 5e, en continuant à communiquer à mes collègues ce que leurs élèves savent et savent-faire à tel ou tel moment. Et en espérant que la future grille horaire 5e me laisse une heure avec les classes, ce qui est loin d'être certain.

En outre, avec 27 classes sous mon aile, je ne peux humainement pas participer à tous les EPI, AP, PIIODMEP et autres projets ponctuels sans y laisser des plumes.

Accessoirement, je trouve qu'il n'y a pas beaucoup de réactions sur la toile sur la nécessaire progressivité de l'EMI, à part le document de la Fadben dont j'ai donné dernièrement le lien. Peut-être que le rôle de prestataire ponctuel de services satisfait le plus grand nombre.