lundi 28 mars 2016

Boites vertes, Z et 5s : de la provoc ?

Est-ce provocation de ma part, de publier depuis quelques temps un billet pédagogique pour un billet "du quotidien" très pragmatique et a priori sans "valeur" face à l'enjeu gigantesque des thématiques EMI qu'on retrouve en ce moment dans toute la littérature prof-doc ?

A l'heure où tout le monde demande de toute part une redéfinition de notre statut, une reconnaissance de notre rôle pédagogique, je pense que j'avais besoin de réaffirmer que le côté pédagogique de notre métier passe à mon avis autant dans la disposition, le choix du matériel, la définition des règles, l'organisation, les "astuces toutes bêtes", que dans le contenu des séances purement info-doc et EMI. Sans oublier la lecture et l'ouverture culturelle.
Les prezi et autres padlet qui fleurissent parlent tous d'EMI, de veille, de complot, de numérique. De quoi fausser un peu le contenu visible de nos missions.

Je suis gestionnaire d'un lieu pédagogique, "une médiathèque laboratoire" organisée de manière à pouvoir mettre en place des séances pédagogiques autour de l'ouverture culturelle, la lecture, la maîtrise de l'environnement numérique. Et dans lequel les élèves peuvent poursuivre seuls leurs aventures documentaires et culturelles, en venant aux récrés, le midi, sur leurs heures d'étude, ou en fréquentant des études qui proposent les mêmes services.
Et je suis sacrément en colère quand on doute de ma qualité de prof ! 

Oui, je décide de la place des étagères, je décide des activités possibles et des règles de vie, je couvre et je range les livres, mais je parle aussi des data centers et des droits d’auteurs. Et la 1ère activité est la condition de la seconde !
Qu'on ne me demande pas de choisir entre le chocolat noir et le chocolat blanc !
Une boutique de Toulouse. Ils sont décidément très fort, à Toulouse !
Nous sommes attachés pour la plupart à la variété de notre métier, au fait que justement on ne fait pas un métier de prof classique. Mais alors que le métier de prof "classique" change, et tant mieux pour tout le monde, on voudrait finalement en adopter les anciennes caractéristiques. C'est assez ironique, et pas très logique.
On lit des choses très virulentes sur les listes de diffusion, comme si les réactions des uns et des autres étaient viscérales, vitales. Nous faisons un métier de passion. J'ai beaucoup de respect pour les deux "camps", même si je rejette absolument l’argument qu'on doit pouvoir faire ce qu'on veut, avec qui on veut, sur les sujets que l'on veut. Mon métier est de faire en sorte que tous les élèves aient un minimum de formation organisée à l'usage autonome du lieu et de ses outils. Et même si cela passe parfois par des voies détournées (contes, jeux), cela reste de la pédagogie et n'est pas fait au hasard.

Quand j'entends la ministre dire qu'elle va se pencher sur notre cas, j'ai envie de crier "non, non, c'est bon, c'est pas grave, on va se débrouiller..."
Cette reconnaissance institutionnelle tant demandée, et maintenant promise, loin de me rassurer, me fait peur, parce que je ne crois pas qu'on connaisse notre métier en profondeur.
Une bonne ou une mauvaise ?
J'ai bien peur que nos institutions ne perçoivent pas la complémentarité qu'il y a entre toutes nos missions, le visiblement pédagogique, et le visiblement de gestion. Vous voulez être détachés prof d'EMI avec un emploi du temps, pendant qu'un surveillant va prendre en main la gestion quotidienne du CDI ? Pas moi, et plus je réfléchis au métier, plus je me rends compte que ce qui fait la réussite de mes séances, c'est cette complémentarité entre les "cours" et les moments de vie en autonomie dans le lieu. Le défi est d’articuler les deux, et nous sommes les seuls à avoir cette vision d'ensemble (bon, s'ils veulent doubler les postes de prof-doc, je veux bien, mais soyons réalistes, on nous mettra des surveillants, pas des profs).

Dans le même ordre d'idée, je pense que c'était une erreur de demander 1h pour 1h, surtout sur la base de nos 30h de présence. Voici trois arguments :
1- A nouveau, je rappelle que 15h+15h = 30h, mais que c'est un emploi du temps d'agrégé !
18+18 (certifié) = 30+6 (certifié doc), donc si rattrapage il y a, cela doit être sur la base de 36h, comme nos collègues certifiés, donc il peut y avoir diminution du temps de présence à partir de la 7e heure de cours.
2- Par ailleurs, il y a cours et cours ! Vendredi, je lis un conte aux 6e segpa. Mercredi, des 5e terminent leurs montages vidéos et enregistrent leurs sons. Demain, je vois une classe de 4e avec un prof de chimie, les élèves vont utiliser framapad pour taper leurs brouillons de compte-rendus d'expérience. Ils n'auront pas besoin de moi, sauf en dépannage technique. Je vois une classe de 3e pour laquelle j'ai trouvé plein de nouveaux romans auto-biographiques pour renouveler le fonds un vieux vieillot. Et je teste une nouvelle activité en 5e sur les fausses images diffusées sur les réseaux sociaux, qui m'a demandé quelques heures de lecture et de réflexion sur le déroulé que j'allais choisir. Une fois préparée, testée et éventuellement modifiée, je la ferai avec mes 9 autres groupes de 5e. Enfin, ce week-end, j'ai passé quelques heures à lire des nouveaux romans, à écouter une conférence d'André Tricot (de Toulouse !), à me replonger dans les matrices EMI de Toulouse (encore eux !). Le temps de préparation n'est donc pas réductible au nombre d'heures de séances par semaine.
3- Pour ma part, je prépare mes séances en présence des élèves de l'étude, et cela me permet d'exiger d'eux de l'autonomie et un grand sens de la responsabilité. Du coup, j'atteint mieux mes objectifs de profs en préparant mes séances avec des élèves dans les pattes. Paradoxe, ou richesse du métier ?

dimanche 27 mars 2016

Se mettre au vert

En vacances dans l'Orne pendant les dernières vacances (je sais, mes destinations touristiques sont exotiques), j'ai eu l'occasion de visiter la médiathèque de Condé sur Noireau (je sais, mes destinations de visites sont curieuses, mais on en se refait pas !).
Et bien si vous passez par là-bas, poussez la porte de l'Atelier.
C'est une bibliothèque, un musée gratuit, et l'office de tourisme dans le même lieu : un 3C, en somme ! J'y ai pris un bain d'idées, de calme, de vie. Bravo à l'équipe.
Ce qu'on ne voit pas sur les photos de l'article, c'est qu'il y a une couleur fil rouge : le vert pomme !
Les boites, petites étagères, petits objets sont de couleur uniforme.

Du coup, en revenant au CDI, j'ai regardé d'un autre oeil le CDI. Trop de couleurs !
J'ai donc remplacé toutes les poubelles, boites, caisses, pots de fleurs, pots à crayon... par des objets de même usage, mais vert pomme. Pas pour tricher sur eux, mais il se trouve que c'est effectivement ma couleur fétiche. Sans le faire exprès, j'achète souvent des trucs de cette couleur-là. Cela doit être un truc de normand !

Photo prise au CDIPhoto prise au CDI
Et bien je suis assez contente du résultat. Cela clarifie, et apaise l'oeil.
Photo prise au CDI



dimanche 20 mars 2016

Position d'équilibre relative

Après bien des péripéties intérieures, voici ma feuille de route pour l'année prochaine.
Mon vélo était un peu trop chargé
Après avoir fait le point avec moi-même, j'ai annoncé à ma hiérarchie que je souhaitais :

- conserver l'heure hebdomadaire classe entière avec les 6e, afin de les former à l'utilisation du lieu et mettre en place des habitudes solides pour leurs 4 ans au collège (CDI, mais aussi activités périscolaires, fonctionnement des études, règles de vie, coulisses de tous les documents qu'ils y trouvent, y compris Internet). Ce sera une heure d'étude obligatoire, appelée "heure CCC" ou je ne sais quoi de ce genre, mais où bien sûr ma qualité de professeur sera cachée, pour ne pas que cette heure compte comme un cours. Si la ministre ou la rectrice intercède en notre faveur, et d'ici la rentrée prévoit des dérogations pour autoriser celles et ceux qui le souhaitent à conserver ces heures de "formation à l'usage du lieu", je remettrai avec plaisir ma profession en dessous de l'intitulé...

- abandonner la quinzaine d'heures annuelles 5e, afin de donner une chance à l'interdisciplinarité. Je m'en voudrais de continuer à lui nuire... (cf messages précédents) Et puis je ne vais pas me cacher toute la semaine ! Puisque les collègues sont sollicités pour prendre en charge davantage de compétences info-doc et EMI, laissons-leur la voie, faisons confiance, cessons d'être défaitiste avant même d'avoir essayé. Aidons plutôt à ce que le moins de notions possibles passent à l'as, et qu'elles soient abordées de manière le plus progressive possible.

J'avais déjà diffusé à mes collègues les documents rappelant le contenu de mes séances, d'une part, et les compétences préalables que demandent les activités documentaires d'autre part (cf 1er message Sursaut).
J'ai donc fait cette fois-ci la liste des sujets que j'abordais jusqu'à présent dans ces séances 5e, et fait des propositions pour les intégrer dans les programmes des disciplines.
Sera modifié après discussion avec les collègues. A suivre, donc !
Je remercie les collègues qui ont très vite réagi positivement, me faisant d'ailleurs regretter de n'avoir pas osé proposer avant. Leurs "tu vois, on ne t'oublie pas, on ne te laissera pas tomber" m'ont fait un bien fou.
J'ai repensé à Top chef :  c'était finalement vrai, cette histoire de contrainte pour nous obliger à nous transcender, et à inventer autre chose !

Je travaille beaucoup avec les collègues d'HGEMC, on a croisé leurs programmes, l'EMI, et l'info doc. En sont ressortis des projets d'exposés peu ambitieux mais progressifs, répétés, et répartis sur les 4 années. Nous avons déjà commencé à tester certaines formules. L'idée est de trouver des idées peu coûteuses en temps, pour pouvoir les répéter. Comme c'est mon dada, les séances courtes et concentrées, je suis à l'aise.

Merci aussi à mon adjoint qui a écouté mes dilemmes, mes craintes, lu mes documents longs comme le bras, et y a apporté un regard extérieur. Il s'est alors fait mon porte parole auprès de certains collègues et a réussi à trouver des solutions qui ne m'étaient pas venues à l'idée, n'ayant pas une vue assez générale des problématiques de chacun. Et puis j'avais trop le nez dans mon guidon, m'accrochant à mon circuit bien rodé, comme une noyée à sa bouée.

Je vais devoir changer de vélo ? Tant mieux si c'est pour avoir davantage de vitesses, et tant pis pour la selle qui était bien adaptée à mes fesses... Je m'habituerai vite à la nouvelle, et si ça se trouve, elle sera même plus moelleuse !

Je vais devoir changer mon plan de route ? Et bien si certains paysages vont sortir de mon horizon, je vais sûrement en découvrir d'autres (ça va faire rire Alice, qui connait mes goûts exotiques en matière d'aventure, elle qui est partie à l'autre bout du monde causer aux tortues de mer !).

Et bien voilà, tous les sujets ne seront sans doute pas recasés, mais s'ils le sont, ce sera bien plus efficace pour les élèves. Est-ce que ce n'est pas justement ce pour quoi je me bat depuis 20 ans ? J’avais baissé les bras trop vite, au bout de 10 ans, finissant par travailler seule, bien que relayée et pas isolée. Cette réforme aura donc été le coup de pouce salutaire dont j'avais finalement besoin, comme tout le monde (Coué mon ami...).

Avant

Après



Par contre, je ne vous dis pas les problèmes d’organisation... Mais bon, maintenant que je réfléchis en 5S, j'ai déjà des idées de classeur et d'étiquettes... 
Haut les cœurs !

mardi 15 mars 2016

Comment ranger son bureau grâce aux japonais ? La méthode 5S

Cela faisait un moment que j’envisageais de trouver une solution pour ne plus mélanger les livres-cotés-mais-pas-enregistrés, ceux-enregistrés-mais-pas-tamponnés...
D'autant que j'embauche des élèves à certaines étapes, et que la vie scolaire me "prête" parfois des surveillants pour me donner un coup de main.

Un copain (merci Laurent !) m'a parlé de la technique 5S, qu'il utilise en entreprise :
http://www.blog-gestion-de-projet.com/methode-des-cinq-s/
http://www.qualitiso.com/methode-5s/
J'ai donc mis cette technique en application. J'ai commencé par mon bureau à la maison, puis au collège, puis au stock de livres à enregistrer.
Il faut dire que quand j'ai lu que cela aidait à donner une bonne image de nous, que cela aidait à ce qu'on ait confiance en nous, je n'ai plus hésité !!

Tout mettre par terre, faire des piles et jeter, ça je sais faire.
Ce qui me manquait, c'était la suite. En général, cela se terminait par un ré-empilage des nouvelles piles !
Ce qui m'a aidé, c'est de donner des ordres de priorité en fonction de la fréquence de l'usage (tous les jours, souvent, parfois), et surtout de prévoir enfin une classification, des étiquettes, des tiroirs dédiés...C'est ça qui change tout, parce que quand on a un truc dans la main, on sait où le mettre, cela évite de le rajouter sur une des piles.

Voici l'exemple de l'espace "nouveaux livres" :
Est-il nécessaire de mettre un commentaire (à part que j'ai "un peu" de retard...) ?

A la maison, j'ai redécouvert que j'avais un bureau en bois, et toutes mes boites sont étiquetées, c'est trop beau.

Bon, je ne met pas de photos de mon bureau au CDI, le changement n'est pas flagrant...
Ah, vous voulez quand-même voir ? Vous l'aurez voulu !

Ceux qui connaissent le CDI vont faire les mauvaises langues, et dire que je devrais aussi prendre en photo le sol et derrière mon bureau... De quoi je me mêle...

Et puis je trouve que j'ai fait des progrès depuis 2006, non ?
Photo d'archives
Photo d'archives

samedi 12 mars 2016

Les bases du traitement de texte

Les élèves de 5e ont déjà travaillé deux heures avec moi sur une mise en page Libre office dessin, pour réviser tout un tas de compétences qu'ils ont vu en techno et au CDI en 6e. Je rajoute des bonus, comme les liens, les captures d'écrans et dafont. Et par la même occasion, je table sur le fait que les rues autour du collège seront moins anonymes, mais ça, c'est moins sûr...
Document personnelDocument personnel

Je leur propose ensuite une activité d'une heure, pour faire un point de leurs connaissances sur le traitement de texte. J'en ai une 2e sur la création d'un tableau, avec fusion de cellules et ancrage des images, mais je ne la fais que si j'ai de l'avance.
C'est en haut de cette page.

Document personnel
Un des exercices : la barre d'auto-évaluation se met mieux en page
quand l'exercice 2 est réussi. C'est un moyen de vérifier. 
Cette activité "basée sur rien" ne me pose aucun problème de conscience. Mais je sais qu'elle n'est pas conforme aux préconisations : pas de méthodo sans fondement disciplinaire.
Je pars du principe que la maîtrise de ce logiciel est une nécessité, et qu'il faut trouver le moyen que les élèves ne mélangent pas les deux outils : LODessin et LOTexte. C'est pourquoi je fais les deux activités à suivre. Comme le traitement de texte est une constante dans leur scolarité, ils font le lien très vite avec leurs cours. Et comme je ne peux pas y passer trop de temps, j'ai essayé de "rentabiliser". Cette activité en autonomie fonctionne très bien sur une heure.

Si un enseignant de lettres me proposais de travailler ensemble sur cette compétence, jamais son texte à taper ne comprendrait autant de choses différentes que dans mon exercice, qui est une sorte de rallye, un exercice de style. Les élèves le prennent d'ailleurs comme un jeu.

Par ailleurs, les élèves ont du mal à se concentrer sur plusieurs difficultés à la fois. Je décharge donc leur esprit d'une éventuelle nouvelle thématique à lire et comprendre, pour leur permettre de se concentrer uniquement sur la technique. Utiliser un traitement de texte, ça s'apprend.
Il n'est pas question de passer derrière chacun pour leur montrer comment faire, ce serait invivable pour nous, et stérile pour eux. Ils ne retiendraient pas comment faire pour les prochaines fois. On retient mieux ce qu'on a trouvé tout seul.
Il s'agissait donc de trouver un dispositif qui permette à chaque élève de faire le point de ses connaissances, d'aller plus loin à son rythme, et si son rythme est rapide, de voir les petites astuces de fin d'exercice. Le tout en autonomie, parce que c'est à mon avis comme ça qu'on apprend le mieux à utiliser un outil numérique. Je leur serine qu'en informatique, si on sait se débrouiller avec des consignes, des tutoriels, et Internet pour trouver la solution à un problème, on peut tout faire. Donc je les incite à se débrouiller le plus possible entre eux et avec les indices et tutoriels.

Le principe d'auto-évaluation (gratuite, parce qu'évidemment il n'y a pas de note à la clé, juste une meilleure connaissance de sa façon de travailler, ou de ne pas travailler...) me permet de me concentrer sur les élèves les plus en difficulté, et de lâcher la bride aux plus rapides. Tout le monde apprécie, même si c'est pour moi une séance très fatigante, parce que personne n'est jamais au même exercice, il faut jongler entre les ordi et ne pas s’emmêler les pinceaux.
Mais ça vaut le coup.

Je pense donc que cette heure d'apprentissage est nécessaire, avant évidemment d'être ré-investie dans des travaux de mise en forme demandés par les enseignantsLa question se pose donc pour l'année prochaine : dans quelle case glisser cette séance qui marche si bien, si je lâche les heures 5e sur les heures d'étude ?
Couverture de livre
En 6e, un vendredi après-midi ? Pas sûr...
Hier à 14h30, j'ai testé la stratégie prônée en hauts lieux (pas de méthodo sans contenu disciplinaire) avec un demi-groupe de 6e, l'autre moitié était en voyage. Je me suis dit que j'allais re-tester framapad, en leur faisant créer de la poésie en groupe, avec un brain storming collectif de mots sur un thème, puis écriture collective de phrases à partir de ces mots. C'est une activité qui m'est familière sur papier en club poésie (enfin, Poét Poét, sinon j'ai personne...)
Forte de mon expérience framapad de l'an dernier en club, j'ai utilisé une balle de jonglage comme "bâton de parole", devenue "balle d'écriture" (ça fait moins classe !).
Bon, c'est vrai que les élèves se sont moins étripés, parce qu'un seul groupe écrivait sur le mur à la fois. Mais au bout d'un moment, comme ça n'avançait pas et qu'ils passaient leur temps sur le chat à dire des bêtises, j'ai mis une 2e balle en circulation.
Bilan : 1h stérile, ils n'ont ni appris à utiliser le logiciel, ni fait de la poésie. Trop de choses à gérer à la fois, ils ont saturé, et moi aussi (je devais les aider avec le logiciel ET avec la consigne d'écriture de poésie). Soyons honnête, c'était le boxon !
Mais soyons aussi positifs, ils n'ont cassé aucun écran avec les balles...
Le 2e effet framapad : mais qui a supprimé ma phrase ???
J'aurais mieux fait de leur faire écrire le texte d'une poésie, une phrase après l'autre !
On ne peut pas se concentrer sur deux nouveautés en même temps : imaginez-vous en train d'apprendre à jongler tout en découvrant l'italien... Dur dur !
Dommage, ça ferait un bon EPI comedia del arte !

jeudi 10 mars 2016

Découverte de l'univers manga

Je passe beaucoup de temps en 6e à expliquer aux élèves les coulisses de l'univers manga.
D'abord parce que beaucoup en lisent, et parfois on se rend compte qu'ils le font sans trop comprendre, même pas le sens de lecture. Et ensuite, parce que c'est passionnant.
Document personnel
Au cours des quelques séances que j'y consacre en 6e, on aborde :

- en mise en bouche, on voit la nature des auteurs sur Internet, lors d'une analyse des résultats de Google sur "histoire des mangas". On découvre d'abord ensemble au vidéo-projecteur la page de résultats Google sur la recherche "Edmond Baudoin" qu'ils ont découvert quelques mois avant, en clôture de la séquence BD. Ils doivent ensuite remplir un tableau en salle info.

- des éléments de culture générale : le Japon dans la 2e guerre mondiale, Jean de la Fontaine (et oui, parce que le 1er dessinateur d'histoires était un moine qui a critiqué l'empereur en se servant d'animaux), la vague d'Hokusai, Osamu Tezuka, on parle des comics américains.

- des éléments techniques : construction des pages pour donner du dynamisme au récit, alternance de plans différents, plongée/contre plongée, trames, super déformés, traits de vitesse, onomatopées différentes de celles de nos BD occidentales...

- et le travail des éditeurs de mangas, avec les magazines de pré-publication et l'obligation de terminer 20 pages en une semaine. Cela a d’énormes conséquences sur le travail des dessinateurs.

J'ai rassemblé le tout dans un dossier partagé : 1ère séance sur les auteurs de sites, la grille qui sert en salle info, et le diaporama qui me sert de support ensuite (vidéos, explications et jeux de manipulation).

Évidement, je ne dis pas tout dans le diaporama, c'est mon support de cours, je rajoute les explications à l'oral, entre chaque jeu. Si vous n'êtes pas des spécialistes des mangas, vous pouvez en savoir plus avec le 1er document que j'avais fait. Je ne m'en sers plus, sauf quand j'ai un groupe en autonomie dont je ne peux pas m'occuper. Ce dossier est sur le site du Mangamado :
http://mangamado.blogspot.fr/p/activites-de-decouverte.html

(Vous avez vu, deux billets optimistes en deux jours ! C'est chouette, ce boulot, on fait plein de choses sympas et on va pas s’arrêter là. Merci à Sandra pour les remontages de moral)

Les vertus du tirage au sort en pédagogie

J'ai reçu beaucoup de messages concernant la "pédagogie Bonne maman", autrement dit les tirages au sort dans des pots de confiture. Cette astuce qui me semblait anodine a finalement soulevé pas mal de questions.

Pour résumer, voici quelques "plus" apportés par cette technique :
- Ils me permettent d'échapper aux consignes écrites et longues, et m'évitent de faire du trop "scolaire. On est assez vite dans la tâche complexe.
- Lors de la découverte des classements et d'e-sidoc, les élèves ne sont pas tous dans le même rayon en même temps, cela aide à disperser les groupes
- Il n'y a plus de photocopies (gain de temps en aller-retour à la photocopieuse, et économies de papier)
- Si un ticket est trop dur ou ne se révèle pas judicieux à l’usage, je retire juste le papier, je modifie sur l'ordi, et quand je réimprime (quand les tickets sont trop abîmés), le sujet pas adéquat disparaît.
- Les élèves sont beaucoup plus actifs : ils ont hâte d'aller retirer un autre papier, et cela les amuse de faire la queue devant le panier. Même les grands.
- Cela évite de répéter les consignes : elles sont écrites sur les bocaux, les élèves n'ont qu'à les lire

L’évaluation n'est pas liée au principe des bocaux, on peut décider que l’activité sera uniquement de découverte, ou évaluée.
Et dire à un élève de 6e ou 5e : "c'est bien tu as réussi, tire un autre ticket", c'est une évaluation positive et suffisante. On n'a pas besoin de faire des croix sans cesse dans tout un tas de classeur. On peut faire des activités "gratuites".

Parmi les situations qui peuvent donner lieu à tirage au sort :
- Tirage au sort de titres de romans (ou de thèmes de doc) pour s'essayer à e-sidoc en 6e, et comprendre comment ça marche (donc pas d'évaluation, juste une croix dans leur dossier) ou évaluer les compétences en 5e (je note la réussite dans un classeur, et remplis le LPC en fin d'année).
- Noms d'auteurs pour faire des exposés en 6e
- Sujets à trouver dans un dictionnaire ou une encyclopédie (papier ou en ligne)
- Métiers bizarres ou inconnus, pour faire des recherches dans les sites sur les métiers
- Il m'est aussi arrivé de faire un pot géant (il faut adapter le contenant à l'âge des élèves...) avec tous les sujets liés au CDI, pour que les anciens du collège (4e segpa ou 4e section football) fassent visiter le CDI aux nouveaux, très nombreux dans ces classes, sans que j'ouvre la bouche, ou presque (règles de vie, les ordi, le prêt, les magazines, les clubs, le planning...).

En fait, c'est déclinable à l'infini.

On peut aussi utiliser des tirages au sort pour :
- Donner la parole : chaque table a une couleur, je tire la table au sort avec un galet de couleur, et ensuite je lance un dé à jouer pour savoir quel élève répondra à la table, du coup, on évite d''interroger toujours le même élève, cela peut tomber sur tout le monde, donc tout le monde écoute
- Désigner les groupes de travail : sac avec 12 ou 24 galets, peints de 6 couleurs différentes, les élèves qui tirent la même couleur travaillent ensemble.

mercredi 9 mars 2016

Z, mes sauveurs !


Bien sûr, cela fait longtemps que les élèves me donnent un coup de main, en rangeant les livres, en coloriant des affiches...
Mais depuis que j'ai organisé explicitement l'aide que les élèves peuvent m'apporter, j'ai plus de bras que de besoins.

Tout le monde est ravi. Les élèves qui donnent un coup de main, et moi parce que la CDI est toujours nickel (et tant pis si des contes se retrouvent en romans.. Il faut savoir lâcher prise, n'est-ce pas !).


Au menu :
- dans des caisses en plastique sous la table sont mis les livres à ranger
- un tableau fait la liste des étagères à ranger, et l'élève qui a vérifié un rayonnage note la date dans la colonne. Un calendrier perpétuel permet de connaitre la date du jour. Quand la colonne est remplie, c'est que tous les rayons ont été vérifiés, on recommence à zéro dans la colonne suivante.
- des post-it indiquent ponctuellement les travaux du jour (feutres à ranger, feuille à colorier, étiquettes à coller, sélection thématique à faire, affiches à accrocher...)
- et les cartes de Z sont dans le hérisson, avec leurs cases à cocher. Au bout de 5 croix, un cadeau (poster ou chocolat). Le crayon pour remplir les cartes de Z est dans la grenouille. les élèves aiment que tout soit au même endroit, ça fait dînette !

Les 6e sont loin d'être les seuls à donner un coup de main. Et comme ce système fonctionne tout le temps (récré, midi et heures d'étude), les externes peuvent s'investir.

Merci à mes Z, qui m'aident à garder le sourire et la pêche, et vive l'AOC ! (cf billet précédent)

lundi 7 mars 2016

Ces sursauts à répétitions me donnent mal au coeur

Ce n'est plus un sursaut, c'est les montagnes russes !!


Pour survivre, rebondit !
Figurez-vous que quelques heures après la parution du billet "sursaut", j'ai appris qu'on allait accueillir au collège 300 élèves de plus dans un an, et passer de 600 à 900 (800 collège + 100 segpa). Les plus optimistes tablent sur un collège 800...

N'en jetez plus !
Alors que j'avais retrouvé une nouvelle dynamique, j'ai recommencé à avoir des idées noires : adieu ma petite organisation pas franchement dans les clous, mais pratique quand même !!
Après 15 jours de consternation, j'ai repris du poil de la bête, notamment grâce aux messages qui ont circulé suite à cet article qui a eu l'air de raisonner chez beaucoup. Je me sentais moins seule. 
Alors avec beaucoup de mauvaise foi, je me suis dit : "et bien, cela fera 300 élèves de plus qui profiteront du beau CDI et de l'ambiance qu'on a réussi à créer !". Une affaire réglée, on passe à autre chose.

Mais en fait, un autre problème arrivait à l'horizon, que je n'ai pas vu venir... Comment allais-je m'organiser, et survivre ?? (ça, c'est du Jules Verne, il fait tout le temps ça dans ses romans, c'est pénible, d'ailleurs. "Elle ne savait pas encore que sa vie allait devenir impossible... Tadam !")

Alors au lieu de m’inquiéter, j'ai recommencé frénétiquement à chercher des infos sur la rentrée, toute guillerette. 
Et bien il va vraiment falloir que j'arrête la veille, sinon je risque de tomber encore sur des comptes rendus de réunion comme celui du site de l'adben pays de la Loire, réunion du 49. Pauvre de nous ! Mais bon sang, ils cherchent quoi ? A nous faire tous démissionner ?


Bidibule-doc a donc repris du service. Mais depuis, je peinais à trouver une autre idée pour rebondir, je fatigue un peu !

Or, hier soir, après une journée de dimanche passée à préparer mes séances de la semaine, je me suis vue travailler, au bord de l'implosion. Comment allais-je pouvoir m'organiser, si tant est que j'arrive à y comprendre quelque chose avec les progressions demandées en EMI, EMC, info-doc et Cie.

J'ai passé en revue la facilité que j'avais eu à prévoir mes séances "à moi", et les difficultés que j'avais eu à organiser celles prévues avec les collègues, en désormais fausse inter-disciplinarité.
J'attends en effet que 2 collègues de 4e intéressés par une activité autour de la source des images prennent RDV, mais ils n'ont pas encore casé la séance dans leur programmation.
Il s'agira d'un petit jeu de détective, les élèves devront chercher le plus d'infos possibles sur une oeuvre d'art dont le fichier image sera enregistré sur le serveur. Ils devront utiliser un moteur inversé (mais ça, je ne leur dit pas !) et ensuite fouiller plein de sites à la recherche de l'auteur, de la date... J'en salive ! 
Mais j'ai bien peur de ne pas pouvoir la faire avant celle prévue en EMC sur les libertés, où ils vont pourtant avoir besoin de se resservir de ça pour leur padlet, s'ils veulent sourcer leurs images. Ceci dit, cette séance n'est pas encore programmée non plus, il faut que la collègue arrive au bout de son chapitre précédent, et quand ça arrivera, il faudra que j'ai des dispo sur ses heures.
Allez, je ne vais pas jouer les Cassandre, je ne vois pas pourquoi ça ne collerait pas...

Je fais comment, si je veux multiplier les séances en collaboration (parce que c'esindéniablement mieux quand je ne suis pas toute seule de mon côté à vouloir passer des compétences info-doc) ? Comment je survis au stress et aux difficultés d’organisation ? Et ben je peux pas !!
Bon, mais alors quelles doivent être mes priorités, comment je choisis ce que je lâche ?

Encore sous le coup de la frustration de ne pas trouver une solution, je me couche, et là : "Mais au fond, c'est quoi le plus important pour les élèves ? De quoi les élèves ont le plus besoin, venant de moi ?"

Est-ce :
- que les élèves connaissent les coulisses des data center
- qu'ils sachent faire une carte heuristique
- qu'ils citent leurs sources et maîtrisent les communs
- qu'ils se créent un EPA
- que, comme le suggèrent les inspecteurs du 49, ils évaluent l'information « à la croisée des cultures informationnelle, médiatique et numérique". (Mais pourquoi continuent-ils à former les docs ? Ce sont les vrais profs qu'il faut former à tout ça, maintenant ! A eux de se coltiner les EPA, les documents de collecte, les sources...)
- qu'ils jouent à l'awalé avec des élèves qu'ils ne connaissaient pas l'heure d'avant
- qu'ils lisent, qu'ils lisent, qu'ils lisent
- qu'ils aient des habitudes à la bibliothèque municipale et qu'ils réservent des livres à distance
- qu'ils sachent qu'on peut acheter des livres via internet, et aller les chercher en librairie
- qu'ils fassent des Légo techniques et de l'origami
- qu'ils sachent ce que veut dire un entourage noir dans les mangas ? Qu'ils reconnaissent les plongées et contre-plongées, les SD ?
- qu'ils me disent en me croisant sous le préau "ça y est, Madame, je suis accros aux romans !" (Merci Lucie, tu m'as définitivement sauvée avec ces quelques mots)
- qu'ils aient le sourire et la patate en se rangeant dans la file CDI ?

Faut-il vraiment que je réponde ?
Les ordi, les autres profs vont s'en charger (mais si, mais si, les inspecteurs le disent), donc faisons ce que personne ne fera à ma place.

J'ai revisionné "L'homme qui voulait changer le monde", avec la voix hypnotisante de Gougaud.



En 5e, je voulais changer l'école. Si je ne veux pas trahir mon rêve, il faut que je me raccroche à mes
convictions de départ. Ils n'auront pas ma peau de vieille doc.

Ce matin, j'ai vu mes emails pense-bête de la veille : "réfléchir différences EMI et info-doc (qu'est-ce qui n'est pas dans l'EMI ?)", "quels sont les rapprochements possibles entre EMI et EMC ?", "fouiller du côté de l'option EMI de ce collège", "padlet EMI à découvrir".
Mon dieu, mais où allais-je me perdre ?
Et la lecture, et le partage, et l'ouverture culturelle ? J'ai failli vendre mon âme à 2016. Tant pis s'ils ne savent pas ancrer des images dans des tableaux de trois colonnes formatées en 100%.


Sursaut, le retour, ou la recette de la sérénité retrouvée

Ah comme ça je "participe à" !
Ah comme ça je "contribue à" !
Et bien soit.
On m'enlève officiellement la mission de former TOUS les élèves à la recherche doc ? Je dois juste contribuer ? J'en prends bonne note, je m'en sens désormais officiellement déchargée.

Je vais donc faire juste de mon mieux, pour que les élèves maîtrisent leurs outils numériques du quotidien (pas ceux pour la scolarité, mes collègues s'en chargeront), sans me prendre la tête avec tous les référentiels, sans chercher à arranger sans cesse tout le monde (exit les sites pour l'orientation, les usuels sur le net, les rumeurs sur internet, les dangers des réseaux sociaux, sauf si ma copine CPE ou les PP me demandent).
Je vais arrêter de croiser toutes les "éducation à" en vue d'une illumination pour trouver ma place.
Ma place je l'ai déjà, je l'avais presque oublié.

Et puis tant que j'y suis, je vais aussi arrêter d'aller aux conseils de classe, d'évaluer dans Pronote et le LPC, de mettre des appréciations dans les bulletins.
Si d'aventure quelqu'un organisait une réunion sur l'organisation de ces thématiques EMI, et bien j'irai. Mais je n'organiserai rien, ne prendrai aucune casquette EMI, info-doc. 
Et en attendant une telle réunion (ah ah...) je vais continuer ma tambouille au CDI et avec MES élèves, tant que j'en ai à moi....

Et cette tambouille, n'en déplaise aux inspecteurs qui ne veulent même plus nous voir oeuvrer avec des classes en inspection (zut, il va falloir que je révise la dewey), et bien cette tambouille comportera des cours, des vrais cours, épouvantables de pédagogie et de pédagogisme. Avec le rang dans la cour, puis devant le CDI, puis l'entrée avec les bonjours, puis l'appel, puis "la dernière fois", puis "aujourd’hui", puis les activités en groupes, sur ordi, sur papier, dans les livres, dans les sites... Avec des rituels, de la pédagogie différentiée, des bocaux et des couleurs, des tas de compétences EMI pour s'en sortir dans la vie, des histoires pour grandir, mais chut... cela reste entre mes élèves et moi.
Activité : en utilisant paint, changez la couleur de la capuche de la doc !
(http://www.mes-coloriages-preferes.biz)
 
Ces moments de travail obligatoires sont vitaux pour un CDI sain, je l'ai déjà longuement expliqué. Ils leur montrent le chemin du CDI, puis les font revenir seuls, leur donnent les clés de ce lieu AOC (Autonomie et Ouverture Culturelle, brevet déposé, parce que ça marche !).

Ces cours permettront aux bientôt 900 élèves du collège de savoir que la dame avec le pantalon bouffant et la capuche rouge de lutin, c'est la doc ! Tu sais, la dame qui nous accueille au rez de chaussée, là où c'est paisible quand on est sage, et où ça grogne aussi parfois, mais où on revient, parce qu'il y a des livres, des jeux, des activités, des cours où on apprend plein de trucs pour les ordi, et où on écoute des histoires.
Elle est prof, la dame ? On s'en fout, finalement !
Par contre, la dame, elle est en colère, et elle est fatiguée !