samedi 23 avril 2016

De toutes les couleurs

En deux jours de stage sur la réforme du collège, menés de main de maître par des collègues qui nous avaient préparé des tas de situations d'échanges et de réflexions sur tous les aspects de la réforme, je suis passée par toutes les couleurs.

Vert un peu pâle en arrivant, parce qu'un peu inquiète de ce qu'on allait nous dire, mais espérant quand-même quelques bonnes nouvelles.
Blanche le midi, après les mauvaises nouvelles ! (Oubliez le "sursaut" et autres solutions de survie, point de salut en dehors des cours des collègues, et aucun moyen de transiger).
Et à nouveau vert, virant au vert pomme fluo en fin de stage ! Si si ! Quand je vous dis que je suis un vrai bidibulle !
En bleu, la réforme !
Mais pour les solutions, il va falloir attendre un peu...
Que les autres stages aient lieu, pour permettre aux collègues des autres sessions de passer eux-aussi par toutes ces couleurs, y'a pas de raisons. Et que je fasse décanter tout ça avant de formaliser les idées. Pas question cette fois de donner des idées infaisables, je veux présenter du définitif pour préparer la rentrée.

mercredi 13 avril 2016

En faire le moins possible est plus pédagogique !

J'ai en projet une recherche en EMC avec une collègue et deux classes de 4e, sur le thème des libertés. L'idée est de faire utiliser deux outils collaboratifs aux élèves : framapad pour créer un document de collecte, et padlet pour la mise au propre finale de la recherche.
J'ai déjà testé avec un autre collègue et deux autres classes, et on a listé tout ce qui ne marchait pas.
Je ferai un article sur la nouvelle version, quand elle aura eu lieu.

Dors et déjà, mon travail préparatoire consistait à créer les framapad et les murs padlet, pour pouvoir mettre à dispo les URL. Inutile de vous dire que je traînais pour créer 6 thèmes par deux classes par deux outils, soit 24 documents.
Et bien j'ai bien fait de traîner ! Je me suis dit que quelqu'un avait sans doute trouvé une idée lumineuse pour me faire gagner du temps, et la solution que j'ai trouvée est tout simplement géniale !!

J'ai juste à créer deux adresses sur le site de La poste, et c'est tout !!

L'astuce tient en la création d'une adresse Laposte par classe (qu'on garde précieusement pour les autres projets et les autres années), et d'un document sommaire qu'on crée AVEC la classe, au vidéo-projecteur, pour leur montrer la démarche. Ensuite chaque groupe est chargé de créer son document de groupe, et d'aller coller l'URL sur le sommaire créé ensemble. Comme ça, ils sont autonomes.
Rien à faire avant, sauf l'adresse pour padlet !!

Tout est là :
http://www.cndp.fr/crdp-orleans-tours/fileadmin/user_upload/Atelier_18/general18/scenario_usage/Des_murs_Padlet_au_service_d_une_realisation_de_classe.pdf


mercredi 6 avril 2016

3C, terrain gliCCCant

On ré-entend parler du 3C comme un risque qui plane sur les CDI et les prof-doc, dans le contexte traumatique de la réforme 2016. Je ne me réjouirai jamais assez d'avoir anticipé il y a deux ans ce vent mauvais en montant un CCC à notre sauce avec ma collègue-copine CPE. J'ai déjà présenté les débuts et les bilans sur ce blog.

"Aie confianCCCe !" Le 3C, un piège ?
Je suis étonnée de voir que personne ne donne au vademecum une autre interprétation que celle de transformer les CDI en CCC, ce qui est proprement inacceptable et injurieux pour les prof-doc qui n'ont de cesse de modifier le lieu en fonction des changements de façon de travailler, lire, induits par les NT ou tout simplement l'évolution de la société. Je me souviens avoir réagi sur un blog qui appelait les "bons vieux CDI" à enfin s'adapter. J'avais été choquée que ce soit une future collègue qui parle ainsi de mon travail, et j'avais été accusée dans un autre commentaire de manquer de tolérance envers cette nouvelle collègue pleine d'enthousiasme !!
Rappelons que le vademecum n'est pas un texte de loi, et qu'on nous indique qu'il est à adapter aux réalités locales. Alors adaptons !

Ma position par rapport au 3C est tout à fait claire : quand le prof-doc a fait son travail correctement, il n'a rien à changer au niveau du CDI, par contre, sauf respect pour nos collègues CPE, il y a souvent du boulot en étude !
C'est d'ailleurs ce que pointe le vademecum à la page 4 : "dépasser les salles de permanences où rien ne se passe, les trous d’emplois du temps que l’on vit nécessairement dehors, le manque d’espace et de temps pour travailler dans l’établissement".
La vie scolaire n'arrive pas à ré-inventer les études ? 
Mais la conclusion n'est pas la bonne. Si les études ne fonctionnent pas bien, il faut modifier... les études ! Pas le CDI ! Et pas baisser les bras et confier les élèves en nombre supérieur au seul CDI, comme si hors du CDI, point de salut, point de lecture, point de culture, point de travail.
Les collègues qui se hérissent à l'idée que le ministère veuille proposer des journaux gratuits par wifi veulent donc un CDI transformé à lui seul en 3C. Pour ma part, je suis ravie qu'il y ait des livres, des ordi et le journal en étude.

Le problème, donc, c'est les études.
Or, tout le monde a à gagner à ce que les études fonctionnent mieux :
- les élèves, si les salles sont un peu moins "moches" et impersonnelles
- les élèves et le prof doc, s'il y a des ordinateurs ailleurs qu'au CDI, pour éviter l'afflux d'élèves au CDI uniquement parce qu'ils ont un truc à finir pour la techno, ou les élèves qui pleurnichent parce qu'il y a une classe au CDI et qu'ils vont se faire enguirlander s'ils n'impriment pas telle ou telle image
- les professeurs, si les élèves sont un peu plus motivés pour travailler parce qu'ils peuvent être aidés
- les surveillants, si les élèves sont plus calmes
- le prof doc, qui ne voient plus les élèves affluer parce qu'"au CDI, c'est calme".

Et ces changements-là n'ont pas besoin du CDI ni de bouleverser les espaces ! Ils ont par contre sans doute besoin du prof-doc, au moins au début, parce qu'on sait faire, qu'on a tout à y gagner, et qu'on fait partie d'une équipe. Mais dans cette équipe, il y a aussi les collègues de discipline, qui devraient être impliqués parce que mine de rien, ce sont eux qui demandent aux élèves de faire du travail.

A part la création d'une "salle d'oral" au CDI, je n'ai absolument rien changé à mon fonctionnement, mais je donne un coup de main et des idées du côté vie scolaire. Et on a vraiment clarifié et rendue explicite l’organisation matérielle sur les heures d'étude, pour que les élèves soient plus autonomes et rendus responsables. Je ne suis plus là pour pallier les manques de la vie scolaire : "il y a du bruit, on ne peut pas travailler à deux, on ne peut pas travailler sur ordinateur, je n'ai rien à faire je m'ennuie"...
J'essaie d'être à l'écoute des difficultés évoquées par les surveillants. Parce que bien que professeur dans les textes et dans l'âme, j'accueille des élèves de l'étude depuis 20 ans, et je sais comment ça se gère.
Sachez vous vendre, nous disent les IPR ?
"Moi, je suis en CDI, et je suis expert en études"...
Etudes de quoi ?
Je ne renie pas mon pied dans la vie scolaire, c'est 2/3 de mon temps. La différence avec un surveillant, c'est que quand je "fais étude", je le fais avec ma casquette et mon regard prof. Je dis souvent que tout est pédagogie, de la place du fauteuil au choix des mots dits à l'élève, en passant par les livres posés sur les tables, ou l'aide apportée (ou pas) à tel ou tel devant un ordi.

Voici quelques exemples qui ne viennent pas à l'idée des surveillants, parce que c'est de la pédagogie, de la psychologie, ou tout simplement du bon sens :
- Les surveillants ont repéré que les 3e externes qui demandent à rester travailler après leurs cours viennent surtout pour faire les zouaves avec les copains en étude de groupe. Du coup, les surveillants pètent un câble tous les soirs et ferment la salle pour tout le monde. J'ai proposé de les autoriser à rester (on ne peut pas leur refuser de venir travailler !) mais obligatoirement au CDI. Au début ils râlent et partent du collège, après ils râlent et viennent au CDI, et la semaine suivante ils ne se font plus prier. Cela les met à égalité des DP qui passent beaucoup plus de temps qu'eux au CDI, et moi, ça me fait très plaisir de les revoir.
- Les recettes gagnantes et règles utilisées au CDI sont parfois étendues aux études : pas plus de deux à une table ou autour d'une activité, jeux de stratégie la 2e demi-heure si tout s'est bien passé la 1ère. Cela donne une logique aux lieux disponibles sur les heures d'étude, et cela aide un peu les surveillants à gérer les études.
- Depuis peu, les salles d'étude sont décorées de travaux d’élèves. Je le fais avec des équipes d'élèves, en priorité les 5e Segpa (cela les aide du même coup à s'y sentir mieux) ou des élèves le midi. On fait une affiche pour présenter le nouveau thème, les livres sont choisis en conséquence, et bientôt, on prendra une photo pour le site et ils publieront tous seuls, la Ministre veut qu'ils publient, ils vont publier ! La salle d'étude devient leur salle d'étude.

Mais que vais-je faire de toutes ces casquettes ??
Me trouver une place légitime de "professeur de documents et d'autonomie", sans doute...
Par contre, quand le souci c'est "comment gérer 150 élèves qui ont étude en même temps", je suis comme tout le monde, je mange mes chapeaux ! 3C ou pas 3C, cela se termine en CCCitting sous le préau !

Alors évidemment, avec 200 ou 300 élèves de plus au collège dans 1 an...
Mais c'est le printemps, il fait beau, je ne vais pas me gâcher le début des vacances ! Bon courage aux deux zones qui travaillent encore.

samedi 2 avril 2016

Où est l'info ? D'où vient l'info ?

Je me suis servie d'un article de Libération vendredi en 5e, en demi-groupe, et je compte bien le faire avec tous mes groupes. C'était épatant ! Le groupe est assez faible, avec beaucoup d'élèves d'ULIS, mais ils étaient très intéressés et actifs.
L'activité dure une heure, et permet à la fois de faire des révisions de vocabulaire, d'attirer l'attention sur la quantité de pub présente sur les sites, et de leur faire pister une image.

Etape 1 : l'article vidéoprojeté

Je me sers de cet article, et je commence par montrer sa version en ligne au vidéoprojecteur :
http://www.liberation.fr/desintox/2016/03/22/comment-mieux-reperer-de-fausses-photos-et-videos_1441248

Un élève est à la souris, et doit montrer l'URL, le nom du site, le début de l'article, la fin de l'article. Quand on arrive à la fin de l'article, on voit que l'ascenseur n'est qu'à la moitié de la page.
On voit qu'il y a beaucoup d'éléments en plus, certains s'ouvrant d’ailleurs en cours de lecture de l'article, tout d'un coup. Publicité ?
On regarde en détail, et grâce aux adresses URL qui s'affichent en bas quand on passe la souris dessus, on voit si ce sont des conseils de lecture de Libération, ou de la publicité, des liens sponsorisés.
J'en profite pour mettre des jalons pour le phishing, qu'on abordera ensuite : regardez les liens avant de cliquer !

Capture d'écran du site en ligne : où commence l'article ?

Illustrations de pub ou information ?

Et tout en bas, vers quoi mènent les liens ? Qui sont les auteurs ?

Etape 2 : distribution des pdf photocopiés

Ensuite, je distribue les 5 pages du pdf, chaque élève a ses 5 pages.

Page 1 du pdf
Je leur fais repérer les différents éléments, et leur demande de les nommer : titre, sur-titre,  chapô, auteur, date de publication en ligne, sous-titres, légende des illustrations (cf activité de l'an dernier sur la presse en 6e).
On repère qu'il y a des liens à rallonge qui apparaissent visibles sur le pdf, alors qu'ils étaient en hyperlien sur le site (cf activité carte légendée).
Je leur demande ensuite de lire silencieusement pendant 10 minutes (sauf les liens !), peu importe s'ils ne vont pas au bout de l'article. Je fais de plus en plus de moments de lecture attentive, cela évite qu'ils passent leur temps à sautiller sur les pages. Il faut qu'ils assimilent qu'un article, qu'il soit sur papier ou en ligne, ça se lit, après avoir été un peu décortiqué visuellement.

Etape 3 : le pistage d'une illustration

Dans l'article, on donne des idées pour pister les images, alors je vidéoprojecte une illustration, et je les met au défi de trouver un maximum d’informations sur cette image : peint par qui ? Quand ? Qui est représenté ?
Qui sait comment on pourrait faire pour le savoir ? Deux élèves ont pensé à la recherche inversée de google citée dans l'article, et on a fait la démonstration en collectif.
J'ai eu de la chance avec ce groupe, on a même eu le temps de passer 15 minutes en salle info, ils avaient chacun un numéro d’illustration mystère à rechercher (cf activité tableaux sur les scientifiques que j'ai préparée pour le collègue de sciences, mais qui ne se fera peut-être pas, donc je rentabilise !).


Et l'an prochain ?

Les vacances, c'est bien, mais du coup, on a davantage de temps pour cogiter...
En repensant à cette séance, je me suis dit :
- que j'avais pu tout de suite réutiliser un article découvert dans la semaine grâce à ma veille
- que j'avais pu faire des rappels de séances précédentes, y compris de l'année dernière
- que j'allais décidément avoir du mal à aller au bout de ma décision d’arrêter les séances avec les 5e !...

Comment continuer à faire de la veille sans pouvoir rien en faire, sauf envoyer les liens à mes collègues, au cas où ça les intéresserait...
Comment supporter de ne plus être maître à bord de ma semaine, et au-delà, de mon cerveau ? De ne plus mettre en oeuvre les scénarios pédagogiques que j'ai mis en place tout au long de ces années de recherches, avec des rituels, des habitudes, une organisation rodée qui fait qu'on peut faire tout ça en une heure ?? Et avec ses improvisations, aussi, selon les questions des élèves, quand je sors des sites, vidéos, documents qui constituent ma boite à outils.
Mes collègues s'amusent de temps en temps avec moi, et on adore ça, travailler ensemble. Mais pour eux, c'est ponctuel, ils ont du temps à côté pour créer une relation avec leurs élèves. Est-ce que je vais réussir à gérer la perte de ce temps-là, pour ne faire que de la co-animation, surtout si c'est autour des idées de mes collègues ?
Bon, évidemment la réponse est non... Donc mon travail des vacances, c'est de faire le tri des priorités, et des sacrifices qui ne me coûteront pas trop, le tout pour travailler mieux, tant qu'à faire !
Ce soir, apéro pour fêter les vacances, et noyer mes incertitudes !